Régularité des transports en Ile-de-France: pourquoi le problème s'étend au métro? (2024)

Le 03/11/2022 à 12:07

Transilien, bus, RER, métro... Les transports en commun franciliens ne sont pas épargnés depuis la rentrée et font face à des difficultés. IDF-Mobilités a d'ailleurs fait part de son inquiétude quant à la dégradation de la régularité dans le métro parisien.

Des rames bondées, des quais saturés... Des scènes devenues trop fréquentes depuis la fin de l’été dans le métro parisien, quelle que soit la ligne. De nombreux usagers franciliens le constatent jour après jour, des temps d’attente anormalement longs entre deux métros et des rames bondées, même en-dehors des heures depointe.

Des difficultés reconnues, ce mercredi, par Ile-de-France Mobilités (IDFM). L’autorité régionale des transports a fait part de son inquiétude quant à la dégradation de la régularité dans le métro parisien.

Car les derniers chiffres datant de septembre, sont mauvais. "C’est rare d’avoir des chiffres aussi bas sur plusieurs lignes", souffle même le directeur général Laurent Probst à l'AFP.

Dans le détail, les lignes les plus impactées sont les 11, 12 et 13. Si l'on prend les chiffres de septembre 2021, on se rend compte du contraste. Le taux de régularité était de 98% sur la ligne 11, de près de 100% sur la ligne 12 et de 90,4% sur la ligne 13. En septembre 2022, sur les lignes 3, 4, 6, 8 et surtout 11, 12, 13, le taux de régularité oscille entre 84 % et 92 %.

Pas assez de conducteurs et une offre allégée

Un constat unanime, mais comment expliquer ces dysfonctionnements? Pour IDFM, l’explication est toute trouvée. Déjà à l’origine d’importants ralentissem*nts sur le réseau de bus, ce sont les difficultés de recrutement et le manque de personnel à la RATP qui seraient à l’œuvre. Il n'y a pas assez de conducteurs de métros pour faire rouler normalement les trains.

"Ce n'est pas l'offre de transport qui est en question, c'est vraiment la difficulté à recruter", se défend Philippe Laurent, président de la commission des transports à la région Ile-de-France, invité de BFM Paris Ile-de-France ce jeudi matin.

Car outre le manque de conducteurs, l'offre de transport a été allégée ces derniers mois. Avec l’essor du télétravail depuis 2020 et la crise du Covid-19, la fréquentation des métros, RER et Transilien avait fortement chuté. Ainsi, l’offre de transport a été adaptée en fonction de ce taux. Selon Île-de-France Mobilités, la fréquentation globale des transports atteindrait aujourd’hui 85 % de celle de 2019.

"Un absentéisme important"

Pour le président de la commission des transports à la région Ile-de-France, c'est donc le manque de chauffeurs qui est la principale raison des perturbations. Les conducteurs qui sont partis à la retraite n'ont pas toujours été remplacés.

L'élu note également "un absentéisme relativement important" d'agents. "Je le souligne, il y a eu des contentieux qui ont été engagés contre le personnel qui avait recours à ces arrêts-maladies frauduleux".

Sur Twitter, le journaliste de France3 Bertrand Lambert, spécialiste des transports, pointe d'autres raisons. L’automatisation de la ligne 4 aurait dû être achevée en 2022 et non pas fin-2023 comme c'est désormais prévu et donc "avoir libéré 300 conducteurs".

Résultat, moins de métros circulent et donc les temps d'attente entre deux rames sont parfois très longs. Ces perturbations impactent les conditions des usagers.

"8 minutes d'attente (...) le problème, c'est quand le métro arrive c'est qu'il est archi plein. Vous montez dans une rame qui est pleine parce qu'elle a dû emporter deux fois plus de monde que s'il y en avait toutes les 4 minutes et donc c'est des conditions de transport qui sont difficiles", explique Arnaud Bertrand, président de l'association "Plus de Trains", au micro de BFM Paris Ile-de-France.

Des métiers moins attractifs?

De son côté, Ile-de-France Mobilités assure faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer la plus grande offre de transport possible. Certains élus ont également réagi à la situation. C'est le cas de Charlotte Nenner, conseillère régionale du groupe écologiste, selon qui les difficultés de recrutement sont aussi liés au plafonnement des salaires des conducteurs.

"On a appris que les opérateurs avaient pris conscience de la situation, ce qui est plutôt rassurant. Maintenant, j'ai appris que la région plafonnait les salaires de la RATP, ce qui ne rend pas le métier très attractif et ce qui explique en partie la difficulté à recruter", estime la secrétaire de la commission des transports de la région.

Une réunion a eu lieu ce mercredi entre la commission des transports de la région Ile-de-France et les opérateurs (RATP, SNCF et Transdev) pour faire un état des lieux et tenter de trouver des solutions, notamment pour rendre le métier de machiniste plus attractif et ainsi faciliter les recrutements.

De son côté, la RATP a mis en place une campagne d'affichage dans les stations de métro et sur ses bus, pour tenter d'attirer de nouveaux conducteurs.